Allaitant La génomique progresse
Cette biotechnologie s'utilise déjà en traçabilité et qualité des viandes. Elle pourrait concerner d'autres caractères, comme les qualités maternelles.
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En viande bovine, la génomique présente déjà des applications commerciales en terme de traçabilité. Ainsi la Food Expert ID, une puce à ADN d'origine américaine, est capable d'identifier dans un produit alimentaire onze espèces de mammifères, quinze de poissons et cinq d'oiseaux en reconnaissant près de 80.000 fragments d'ADN.
En élevage, une connaissance plus approfondie du génome bovin ouvre de nouveaux horizons à la sélection. Pour cerner la valeur d'une bête, il suffira bientôt de lire son génome dès la naissance, sans avoir à attendre les tests de performance sur descendance, qui durent plusieurs années.
Nouveaux marqueurs
En France, dans le cadre du programme Qualvigène, une étude sur la qualité de la viande menée par l'Inra, l'Institut de l'élevage et l'Unceia (Union nationale des coopératives d'élevage et d'insémination animale), les chercheurs ont mis au point de nouveaux marqueurs génétiques sur la tendreté de la viande, sa flaveur, sa couleur et sa capacité nutritionnelle.
Des centres de recherches et des entreprises privées aux Etats-Unis, en Australie, au Japon et au Canada vendent déjà des tests ADN sur la tendreté, le persillé et la composition en acide gras.
Lors d'une table ronde organisée le 7 juillet à Dijon par le Comité d'orientation régional de l'élevage de Bourgogne (Corel), Serge Paran, président de l'Unceia, a décrit l'état des lieux de la génomique en allaitant. «La recherche sur la qualité de la viande est loin de faire l'unanimité des éleveurs», a-t-il précisé.
Ces derniers regarderont la génétique de leur troupeau plus finement lorsqu'ils seront payés sur la qualité, mais pas de façon superficielle comme aujourd'hui.
La qualité de la viande n'est pas le seul critère exploitable pour la sélection. Cependant, le repérage de nouveaux marqueurs, comme ceux qui se rapporteraient aux qualités maternelles des vaches allaitantes, est un préalable.
«Un important travail collectif reste à faire pour fabriquer de la connaissance», rappelle Maurice Barbezan, directeur de l'Unceia. En effet, la génomique nécessite la collecte de nombreuses informations quant aux performances des animaux.
De nouveaux marqueurs associés significativement mais parfois faiblement à un caractère ne pourront être détectés qu'au prix d'une étude en profondeur. La connaissance des génotypes via le contrôle de performances est donc indispensable.
Dans le cheptel allaitant, les apparentements entre individus sont plus faibles que dans le cheptel laitier. Les populations sont donc moins homogènes. De ce fait, la sélection génomique est moins efficace. Pour l'améliorer, il faudra suivre une population de référence plus importante qu'aujourd'hui.
Des avancées rapides sont possibles en génotypant des génisses en ferme. Cette opération coûterait entre 50 et 200 € par bête.
Anticipant les évolutions, le herd-book charolais a stocké 400.000 échantillons d'ADN de taureaux depuis 2002. «La génomique nous passionne comme nouveau mode d'appréciation de la valeur des bêtes. Mais nous ne savons pas encore comment nous organiserons la sélection en allaitant, compte tenu de l'importance de la monte naturelle avec des taureaux non inscrits», s'interroge Michel Baudot, président du herd-book charolais.
Définir des axes de rechercheLa filière allaitante doit désormais définir des axes de recherche. En effet, il n'est pas possible de multiplier à l'infini les caractères sur lesquels faire simultanément de la sélection. Il est nécessaire d'agir vite et collectivement, pour éviter que des firmes concurrentes constituent des banques de données privées en contractualisant avec les éleveurs. La qualité de la viande ou les qualités maternelles ne sont pas les seuls caractères concernés. Ainsi, les laboratoires pharmaceutiques peuvent trouver un intérêt à créer des populations de référence sur les défenses immunitaires. |
Lexique- Génomique: elle vise à séquencer le génome et déterminer la fonction et l'expression des gènes. - Marqueur: séquence d'ADN aisément détectable, utilisée pour «baliser» le génome. - Sélection assistée par marqueurs (SAM): elle consiste à repérer sur le génome des marqueurs qui servent eux-mêmes à repérer la présence de gènes impliqués dans les performances de l'animal, appelés QTL (quantitative trait locus). - Puce à ADN: petite surface de verre, silicium ou plastique portant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de fragments d'ADN. Elle permet de repérer quels gènes sont présents dans une cellule, un tissu, un organisme ou un mélange, et d'analyser leur niveau d'expression. |
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